dimanche 31 août 2014

Fils d'homme















Tu es né de l’obscurité,
Et de mère pauvreté,
Vêtu d’une même nudité,
Mais tu es aussi dédié
A partager la divinité !

Tout fils d’homme
Est frère de l’Homme,
Cette réalité transforme
La première donne.

« Ecce Homo ! »

Daniel-Marie Gérard (Mars 2009)



Etoile folle













A mi-ciel vers l’ouest,
Elle dansait, elle titubait,
Elle plongeait et se relevait,
Telle une marionnette
Dans un théâtre de nuages,
Sous le regard blanchâtre
D’une lune hagarde !

Les astres du soir
Confortent l’espoir,
Mais une étoile folle,
Grandiose apostrophe !

Quels mages demain alors ?
Pour Bethléem quel décor ?

Daniel-Marie Gérard (Avril 2009)

Epilogue















Epitaphe de Norbert Bouvet
1er conservateur du musée de Laval

Ces consonances, je les ai aimées,
Chaque mot, je les ai savourés,
Un goût d’infini j’y ai trouvé,
Un parfum de grande vérité.

« Pulchrum et bonum et verum convertuntur »
Le beau, le bien, le vrai se rejoignent.

Daniel-Marie Gérard (Juin 2008)

Enfouissement
















C’est l’automne,
les ténèbres l’emportent,
les températures nocturnes chutent,
tout marronne,
les sentiers s’embourbent, les pas s’enlisent,
la terre se creuse et s’entrouvre,
l’homme s’enfonce inéluctablement dans cet élément originel, dans cette fosse commune où tout s’efface, tout disparaît, même ses œuvres, sa signature, et bientôt sa mémoire après quelques dernières dates encore recensées.
Tout lâcher, ne rien retenir, se laisser aller,
se laisser digérer pour nourrir une autre vie encore invisible. C’est l’enfouissement.
C’est la grande norme qui dévore les plus grands comme les plus infimes, les rois comme les manants, les sages comme les fous.
Disparaître pour renaître,
tout perdre en espérant toujours,
pendant que se distille cette essence première qu’est l’amour.
Seul l’amour demeure.

Daniel-Marie Gérard (Novembre 2010)

Enfin il est venu













Au plus profond de la nuit
Une lumière a lui,
Dans la jungle humide
Une espérance a frémi,
Sur la tristesse du champ de bataille
Un bruissement captiva les regards :

Là bas tout au bout du chemin
Portée par l’attente des humains,
Une frêle silhouette s’est arrêtée,
Dans la nudité de la crèche
Un nouveau né a déposé.

Alors les cieux s’éveillèrent,
Des quatre coins de la terre
Des foules inertes se levèrent,
Près de l’enfant s’approchèrent,
De leur souffle l’enveloppèrent,
Tissant avec amour autour de lui
Une auréole chaleureuse et fragile.

La jeune mère en elle se recueillait,
Tous ces pèlerins s’inclinaient,
Puis toute la création vibra,
Un chant très épuré s’éleva :

« Dans le respect,
Dieu est venu chez nous,
Désormais il habite parmi nous !
Joie sur terre ! Exultons tous ! »

Daniel-Marie Gérard (Décembre 2007)

Douleur

















Tu es encore là, tu t’invites !
Tu pourrais prendre la fuite,
Prétexter d’autres pays !
Tu es presque une amie !

Quand tu deviens oppressante
Persistante ou lancinante,
Tous les deux on s’enferme,
Lovés au creux du lit même.

Vaincu par le sommeil,
Ta présence se desserre
Ensuite tu me libères
Vers des cieux sans pareil.

Daniel-Marie Gérard (Avril 2009)

Divine saveur














J’aime goûter ta présence,
Éprouver ta bienfaisance,
Et, tel le planeur en errance,
Le bien-être d’une portance,

Pas de peur du lendemain
Ni de crainte dès le matin,
Sans prendre du tout ma place,
Toujours tu me suis du regard
Et près de moi tu es bien là.

Sereinement je poursuis ma route,
Me délestant plus chaque jour
Laissant m’emplir de ton amour,
Préparé à atterrir pour toujours.

Daniel-Marie Gérard (Avril 2009)






Dans sa langue














Celle de l’enfant babillant
De l’adolescent regimbant
Des parents tout aimants
Celle des grand’mamans

Celle du traînard ombrageux
Du cupide le regard maffieux
Du taulard coutumier du mitard
De l’ivrogne arrosé sur le tard.

Celle du trader en costume
Du diplomate sans vertu
De l’ingénieur tout en calculs
De la serveuse joliment crédule.

Tous ils entendent
Dans leurs langues
Tous t’appartiennent.

Daniel-Marie Gérard (Mai 2011

Citoyens du ciel













Pourtant né de cette terre,
Nourri de pain et de lettres,
Plein d’émotions et de tensions,
Tu es aussi un citoyen du Ciel !

Au milieu de tous ces êtres chers
Qui invoquent ni les cieux ni le Père,
Qui pataugent de rêve en rêve,
Oubliant les promesses et les enfers,
Tu es d’abord un citoyen du Ciel !

Mais ce sont mes sœurs mes frères
Pétris de cette même chair
De ce sang dans leurs veines !

Oui mais comme le petit reste
Immergé dans la pâte tel le sel
Tu les entraînes avec toi vers le Ciel.

Daniel-Marie Gérard (Mai 2010)



Christ errant















Tableau de Joseph Cousin


C’était avant les premières nonantes,
Les pensées entre deux eaux divagantes,
Je le vis monter vers Ménilmontant
Au milieu de tous ces cols blancs.

Il était sans veste, sans paquet,
Sans fard, sans apprêt,
Sans revue, sans baladeur,
Sans artifice, sans couleur.

Sans doute après une nuit blanche,
Confié à la chaleur des éléments,
Il fut secoué de terribles éternuements
Qui extirpèrent un mucus abondant.

Dépourvu du luxe d’un mouchoir,
Il se débattait avec cette toile,
Jetant au hasard des yeux épouvantés,
Ne trouvant personne sur qui compter.

Profondément humilié
Au milieu de tous médusés,
Les mains toutes emprisonnées,
Il s’échappa rapidement à Denfert
Sans que je puisse rien y faire.

Et pourtant c’était bien le même
Qui s’est glissé chez nous à Noël,
Dissimulé sous nombre caractères
Pour nous interpeller sans le reconnaître.

Daniel-Marie Gérard (Janvier 2008)



C'est la fête













Une odeur d’encens et de cierges brûlés,
Des enfants drapés de blanc, cheveux gominés,
Des chants rythmés traversés de voix éraillées,
Sur les marches bruyantes une foule bariolée.
C’est la fête !

Sur la terrasse ombrée des cocktails variés,
Des préparations colorées finement goûtées,
Des gestes détendus pour retrouvailles animées,
La conjonction dense d’accents familiers.
C’est la fête !

De par la table fleurie minutieusement servie,
D’élégantes bouteilles dans une atmosphère recueillie
Où flottent les fumets subtils des mets successifs,
Les conversations retissant les trames des vies.
C’est la fête !

Puis peu à peu même les murs se sont tus,
Les ombres se sont avancées et pris le dessus,
Les invités éparpillés, happés par le bitume
Et les vicissitudes de la vie riche en amertume.
Finie la fête !

Daniel-Marie Gérard (Mai 2009)



Ce monde














Un monde de carton pâte
De bruit et de décor,
Fort d’ignorer la mort
Il se divertit et s’empâte,

Quand le feuillage d’automne se pare
De couleurs chatoyantes et rares,
Que le soleil avant la nuit noire
En grande pompe se prépare,
Qu’une fois fauchés et récoltés
Les blés nourrissent à satiété !

Pourquoi cette lugubre omission ?
La mort n’est pas conclusion,
Mais passeport et profusion
Et Pâques la certification.

Daniel-Marie Gérard (Février 2009)




Carême














Temps de rupture
Dans les habitudes,
Temps de renouvellement
Et de rajeunissement,
Temps d’ouverture
Et de sollicitude,
Temps d’élévation
Et de réanimation,

Avant la joie diaphane
De la mutation pascale.

Daniel-Marie Gérard (Février 2009)

jeudi 28 août 2014

Bonne année !


















Bonne année ! Bonne année !
Encore une fois étonnés,
Les cœurs se resserrent
Pour des vœux sincères,
Troublés que nous sommes
Par l’inconnue qui sonne.
Bonne année ! Bonne année !

Ouvre lui largement la porte
Car chaque instant qu'elle donne
C'est du ciel qu'elle apporte !
Bonne année ! Sainte année !

Daniel-Marie Gérard (Janvier 2009)





Arc-en-ciel















Par la fenêtre
Entrouverte
Un oiseau s’est avancé
Pour simplement annoncer
Que tu t’étais envolée !

Il est reparti serein
Dans le soleil du matin
Par aller te rejoindre
Parmi tous les tiens.

Demain nous continuerons
A attiser flammes et tisons
Pour la vie toujours maintenir,
Le voyageur au port parvenir.

Daniel-Marie Gérard (Novembre 2008)







Amour vie et liberté

















Le visage épanoui, transparent, il sommeille les bras ouverts, les mains ondulant souplement ; des sourires s’effacent et réapparaissent sur ses lèvres en mouvement. Il est là bien présent mais aussi d’un autre monde, sans défense, vulnérable; oui vulnérable à toute intention malveillante comme aux rayons âpres du soleil et aux moindres courants d’air. Sa seule protection est l’attention constante de ses proches, la bonté inépuisable de sa maman, le souci de chaque instant de ses auteurs.
Ainsi la vie n’est possible et ne peut croître sans amour ! L’objet créé comme le nouveau né ne subsiste que grâce à l’amour permanent de leurs créateurs. Aucune vie n’est possible sans l’amour sustentateur de Dieu. La vie traduit et exprime l’amour. Le visible est le signe de la réalité de l’invisible, le visible sacrement de l’invisible.
L’enfant va grandir grâce à cet amour jusqu’au jour où il s’en détachera comme le fruit de l’arbre. C’est le prix de la maturité, l’heure des choix : s’ouvrir à la réalité nouvelle, reconnaître l’autre, composer avec l’inattendu comme la graine s’unit à la terre pour à nouveau donner vie, ou rapidement s’isoler, ne savoir que prendre et pourrir inutile, se dessécher, être oublié, devenir seulement une trace et disparaître au milieu d’un tourbillon de vies nouvelles, au cœur d’une fête dont on se sera écarté et que nos cendres seulement pourront nourrir.

Daniel-Marie Gérard (Septembre 2010)

lundi 25 août 2014

Le rouge gorge














A peine les volets ouverts,
Il est déjà là tout guilleret,
Piétinant nombre feuilles sèches
Pour capter notre attention entière.

Il va, il vient, il plastronne,
Sur son territoire bien autonome,
A la recherche d’un large auditoire
Pour transmettre un bel et fol espoir.

Celui d’une communauté universelle
Dont il serait le petit frère aux aguets,
Officiant pour des relations familières
Entre les plus simples et nous plus fiers.

Daniel-Marie Géard (Mars 2009)



Dinan hiver 64


















Par une nuit très froide
Devant une guérite étroite,
Je frappais la semelle
Durant ce soir de Noël.

Un seul lampadaire
Auréolé de lumière
Quelque peu éclairait
Cette portion de caserne.

Quelques astres blafards
Scintillaient dans ce noir
Rappelant à ma mémoire
Qu’il y avait fête quelque part.

Les deux mains emmitouflées
Je feuilletais avec avidité
Les pages d’un évangile
Pour y retrouver fragile
L’espérance des petits.

Ce fut pour moi des heures bien claires
Au milieu de ces apparentes ténèbres,
Buvant à la source la joie de Noël,
Rejoignant une communion universelle.

Daniel-Marie Gérard (Mars 2008)






Le Silence













Le bruit est enfant du mouvement,
Que ce soit le souffle du vent
Ou le ressac de la vague
Ou le roulement de l’orage.

Mais alors le silence ?
C’est l’absence de mouvement,
La trace d’une plénitude
Aux confins de notre finitude,
Le chuchotement d’une existence,
La révélation d’une présence.

Aussi recherchons le silence
Pour approcher la présence
De l’Unique Existant
Qui n’est jamais absence.

Le Silence est Sa Présence,
Sa Présence est Silence.

Daniel-Marie Gérard (Avril 2009)



Hymne à la vie














En ce jour de Saint-Louis,
Attiré par d’incessants trilles,
Fus convié à un événement unique
Du rythme indestructible de la vie :

Presque inaperçues durant tout l’été,
Elles étaient par dizaines à tournoyer
Dessinant moult chassés croisés
A la suite d’insectes effrayés.

Autour de moi elles virevoltaient
Exubérantes et familières,
En me frôlant de leurs ailes
M’associant à leurs pirouettes.

Décrivant des figures variées,
Elles caressaient le parfum des rosiers
Simultanément noires ou blanches,
Se croisaient avec impertinence ;

Puis sur une portée de fils
Délicatement ont déposé les notes
Des bises plaintives de cet automne
Et des bourrasques brutales
Des futures nuits hivernales.

Ce soir elles ont effacé leurs mélodies
Et dernière halte sur la plage voisine ;
Seules inquiètes
Quelques retardataires
M’interrogent encore et fuient
Après un ultime coup d’aile,
Signe furtif de l’adieu fraternel
De nos sœurs discrètes les hirondelles.

Daniel-Marie Gérard (Août 2007)

Légère Vérité














La vérité n'est pas exercice de la parole
Parer les choses de multiples banderoles
Qui au gré des désirs volatils s' accordent.

Elle n'est pas tentative de l'homme
Jeu subtil pour travestir sa vie folle
Construire des scenarii loufoques.

Encore moins théories systémiques
Qui tuent des milliers et asservissent
Des consciences anesthésiées fragiles.

La vérité est l'enveloppe du monde
Constitutive de sa chair profonde
A l'origine dès la première création.

Elle est marque du divin dans la matière
Emprunte de son sceau sa signature légère
Au risque de la mort ne peut disparaître.

La vérité c'est reconnaître son origine
Le nom et la mission qui en ont suivi
La maîtrise finale de l'entreprise divine.

Elle subsiste accompagnée de l'amour
Cette vie commune entre Dieu et nous
Qui nous propose la voie et le chemin
Pour nous associer au Principe Divin.

Daniel-Marie Gérard (Août 2014)


dimanche 24 août 2014

la Croix














Depuis l’origine des siècles Il préparait
Avec minutie ces derniers temps parfaits,
Où sans aucune retenue allait exploser
La plénitude d’amour du Dieu Trinité,

Lors d’une mort publique dévoilée,
Après un jugement circonstancié,
Parmi les plus grands répertorié,
Au milieu de la foule orchestré.

Enfin la sollicitude du Père
Au cœur immensément ouvert,
Submergeait les indéracinables aigreurs
Nées de nos grands et petits malheurs.

Enfin Dieu apposait sa signature,
Sans garniture, sans une rature,
Celle d’un amour nu tout abrupt,
La seule que les multitudes connurent.

Daniel-Marie Gérard (Juin 2009)




Liberté


















J’ai crié ton nom
Contre toutes oppressions,
Incursions ou agressions,
Contre toutes addictions !

Celles de l’enivrante boisson,
Des collectives défonces,
Des parfums poisons
Au nirvana de la déraison !

Celle de l’imaginaire virtuel
Qui se substitue au sommeil,
Pour se découvrir solitaire
Et sombrer en grande peine !

Liberté !
Tu es l’homme relevé,
Eveil à l’universalité,
Découverte de l’altérité,
Creuset de la responsabilité,
Apprentissage de la fraternité,
Quête d’une chaleureuse vérité !

Daniel-Marie Gérard (Mars 2009)


La grande nuit de la foi












(après la mise au tombeau)

La nuit des cœurs simples
Avec les bergers et les séraphins !

La nuit des cœurs contrits
Avec les femmes et Véronique !

La nuit des cœurs confondus
Avec le bon larron et le centurion !

La grande nuit de la foi
Avec Marie toute petite église
Seule à porter la résurrection du Fils
En son cœur transpercé et meurtri !

La nuit de tous les saints prophètes
Qui le voile du Temple déchirèrent !

La grande nuit de la foi
Partagée par la tourmente et l’orage
Le lourd amoncellement des nuages
Toute la création en grande attente
De l'explosion de la Vie à tous vents !

Daniel-Marie Gérard (Avril 2014)

Bouée d'iris



















Élégance et sobriété d’architecture,
Larges feuilles aux épaisses nervures,
Élans puissants aux vertes textures,
Fouillis de hampes aux riches peintures,

Sous la nonchalance timide d’une glycine
Et ses chapelets de délicates étamines,
Devant un ample parterre de perles fines
Qui rient et scintillent sur la pelouse humide !

Daniel-Marie Gérard (Avril 2009)





J'ai vu


















J’ai vu la vie jaillir
En nos mains fébriles
Energie première irréductible
Depuis une mère toute service !

J’ai vu comme la mer s’ouvrir
Devant nous figés ébahis
A la rencontre de frêles filles
Au cœur de tempêtes malignes !

J’ai vu la jarre d’huile
Ne jamais se désemplir
Tous ces longs moments
De mûrissement des enfants !

J’ai vu les parents s’endormir
Dans leur dernier lit paisibles
Libérés de tout lien sensible
Pour rejoindre le réel invisible !

Daniel-Marie Gérard (Mars 2011)

Il ne dépend que de nous


















Il ne dépend que de nous
Au cœur de la nuit profonde
De nourrir rêves et songes
De porter le regard vers l’horizon
Là où s’engendrent les moissons !

Il ne dépend que de nous
Perdus dans la forêt noire
De chercher une étoile et y croire
Drossés par la tempête perfide
D’attendre répit et accalmie !

Il ne dépend que de nous
De voir de l’espoir en tous
De sauver la flamme
Sa lumière son éclat
De vaincre toute peur
D’aller vers le bonheur !



Daniel-Marie Gérard (Juin 2013)

samedi 23 août 2014

Oser Dieu













Face au matérialisme débordant
Face aux égocentrismes dévorants
Face aux relativismes déboutants
Aujourd'hui oser Dieu est dément.

Alors que les sciences désossent l'être
Que les nanomaîtres jouent les prophètes
Longue vie sur terre tel Mathusalem,
Affirmer que l'homme est né de Dieu
Que son bonheur repose en Dieu
Semble tellement décalé
Qu'il est malséant de parler.

A quoi bon chanter dans nos temples
Et respirer ensuite l'air du temps !
Faut-il plier le genou devant ces absolus
Ou refuser ces dictats être exclus ?

Devant la grande assemblée qui enverrai-je?
Demanda préoccupé l'Éternel.
Qui se prononcera pour Lui
Au risque de l'équilibre de sa vie ?

Daniel-Marie Gérard (Août 2014)




Grande la foi

















D’un côté les hommes poussières
Petits grains épris d’universel
Capables aussi d’antimatière.

De l’autre Dieu insaisissable
Le tétragramme innommable
Etre immensément dense
Grande présence Toute confiance
Dont la puissance d’amour nous échappe
Et se veut totalement captif de notre foi.

Par cette foi l’homme s’élève
A toucher les franges éternelles
A goûter les saveurs de ce miel.

En cette foi même lui est offert
De gérer les clés du royaume
D’en hâter la venue céleste joyau
Belle cité nouvelle Jérusalem.

Daniel-Marie Gérard (Janvier 2014)


Le creuset famille














C’est l’apprentissage de la différence
Pour tendre au bien-être ensemble
Après l’abandon de toutes exigences.

C’est dépasser les fluctuations du désir
Pour s’abreuver aux sources de la vie
Dans les pleurs et dans les rires.

C’est assumer chacun son présent
Pour y prendre force et sens
Et aux siens en faire présent.

C’est un lieu où court la parole
Enchâssée dans des discours forts
Espace transmission première école.

C’est ensemble une autre dimension
Fruit d’un état de simple communion
Source bienfaisante de restaurations.

Daniel-Marie Gérard (Novembre 2013)



La planète mère

sculpture de Louis Derbré (1925-2011)

















Paraît-il vue de l’atmosphère
Elle est toute bleue notre terre
Noyée de belles lumières !

Comment cela peut-il se faire
Que disparaissent haines et guerres
Et les sangs mêlés des adversaires ?

Et des tsunamis quelles traces ?
Typhons catastrophes nulle place !
Seraient-ce tromperies du regard ?

Non ! mais le mal est éphémère
Il est inconsistant épiphénomène
Espace vide réalité passagère !

Plénitude est la vérité dans l’être
Elle est constitutive de la matière
Force créatrice couleur bleue ciel
Belle destinée pour notre planète.

Daniel-Marie Gérard (Novembre 2013)


La Piéta

in
peinture de Joseph Cousin









 



Elle avait dit « oui »Marie
Aux promesses à la vie
Déposée en elle divine,
Aux jours de malheur aussi.

A douze ans avec les docteurs dans le temple
Il enseignait grands et savants du moment
Trois longs jours d’angoisse pour des parents
A la recherche de leur cher unique enfant.

Au milieu de curieux d’une foule épatée
Fort attristée elle suivait sa parenté
Venue le chercher le séquestrer et
Échapper aux rumeurs à la renommée.

Elle était encore là au pied de ce bois
Où il pendait ensanglanté en croix
Femme Impuissante transpercée sans voix
Recueillait en sa douleur nos espoirs.

L'homme assassiné dans ses bras ouverts
Rejoignit les ombres des morts aux enfers
Porté par l'espérance meurtrie de sa mère
En l'éblouissement de la vie de la lumière.

Daniel-Marie Gérard (Avril 2012)








La paix du soir














La pénombre envahissait
Dans sa clarté discrète
Notre familier univers
D’une proximité sereine.

Le ciel s’effaçait à regret
Rougeoyant à l’ouest,
Plombé fortement à l’est,
Percé de premiers repères.

L’air vibrait transparent
D’une résonance intense,
Où planait encore un chant,
Quelques trilles envoûtants.

Veilleurs attentifs et recueillis
Par-dessus la chaleur du brûlis,
Absorbés par les cendres rougies,
Par la densité soudaine de la vie.

Daniel-Marie Gérard (Mars 2009)








La mouette














Perchée haut sur un lampadaire,
Le regard froid, la mouette observe
Tous ces envahisseurs sur sa plage,
Cet éventaire varié de tous pelages.

Porcelaine hautaine aux aguets elle scrute
Les chardons bleus paresseux sur la dune,
Une pie taquine autour d’un mistigri repu,
Sur la mer Nerput dans la froide brume.

Les hirondelles de mer dans les premières vagues
Chutent, précises, brutales, sans état d’âme,
Après un piqué expert en flèches acérées
Parmi les baigneurs amusés et médusés.

Après avoir tout appréhendé froidement,
Lourde elle s’élance nonchalamment
Vers un groupe rieur faisant bombance
Pour rapiner gouailleuse une complice pitance.




Daniel-Marie Gérard (Juillet 2009)







La chambre vide














La chambre est vide,
Plus le moindre bruit,
Plus que le grand lit,
Dépouillé, dégarni.

Plus cet espace occupé mille fois,
Plus ces nombreux amoncellements
Et tous ces objets disparates
Jetés ici, là, en tout hasard.

Plus ces musiques et sonneries bizarres,
Plus ces rires et ces éclats épars,
Plus ces profonds sommeils sur le tard,
Plus ces longs reproches dans le regard.

Là bas, dans le brouillard et la ville endormie,
Bien au chaud, dans son tout nouveau nid,
Pleine d’appréhensions, de promesses multiples,
Vite elle saisit une courte missive, « merci ! »

Daniel-Marie Gérard (Novembre 2008)







JE SUIS














Avant que le premier atome n’explose
Avant que la terre ne divise les eaux
Avant que la lumière soit à l’aube
JE SUIS

Avant la parole et le chant des oiseaux
Avant l’herbe des champs et les animaux
Bien avant le premier enfant des hommes
JE SUIS

Avant la construction des villes
Avant l’apparition des techniques
Avant les plus anciens fossiles
JE SUIS

Avant qu’Abram se mette en marche
Avant Isaac et les patriarches
Avant Jacob choisi par Rébecca
JE SUIS

Avant notre rencontre Philippe
Avant que tu ne réfléchisses
Avant que le Père te construise
Sache-le Philippe JE SUIS

Daniel-Marie Gérard (Mai 20014)


vendredi 22 août 2014

Je crois














Que le sourire dissipe la nuit,
Que les chansons défont l’ennui,
Que le rire construit les amis
Que l’humour chasse le tournis.

Que le regard structure l’être,
Que les caresses font du bien-être,
Que l’amitié confectionne du rêve,
Que le parler tisse les trèves.

Que la parole bâtit les sociétés,
Que l’amour invite la liberté,
Que la vie partagée est fécondité,
Que le lien sacré scelle l’éternité.

Que la foi développe l’espérance,
Que le jugement tue l’enfance,
Que Dieu ne pose pas de réticence,
Que l’évènement trouve son sens.

Daniel-Marie Gérard (Octobre 2008)




Invasion quads
















Dans la forêt paisible soudainement ils surgissent,
Bousculades de bruits, en escouade ils vrombissent,
Sous leurs pétarades tous les sons délicats périssent.

Tel de puissants chevaliers partis en guerre,
Casqués, bottés, plastronnés, bardés de fer,
Ventres à terre, ils éventrent la moindre artère.

Leur arrogance écrase toute velléité de silence,
Ils pourchassent toutes conques pour romances,
Puis s’en reviennent balafrés de terres puantes.

Derrière eux la forêt soigne plaies et béances,
Se recueille pour oublier cet ouragan étrange,
Réveille ses forces pour chasser sa désespérance.

Daniel-Marie Gérard (Juin 2009)

Face aux puissants


















Le scintillement de la rosée au levant,
La brume sur la pâture frémissante,
La fleur odorante au soleil couchant.

Le tintement de la cloche emporté par le vent,
L’appréhension de l’aveugle sur le chemin claudiquant,
La force persévérante des vaillants non violents.

Le flanc de la maman nourrissant son enfant,
L’amour immense des grand insignifiants,
Le sang de l’agneau au passé innocent.

Daniel-Marie Gérard (Octobre 2011)



Eglise ?


















Est-ce ce blanc manteau de campaniles
Dont nos campagnes furent serties
Pour accueillir la foi des aïeux,
Aujourd’hui fissurés poussiéreux ?

Est-ce ces cercles bien huilés
De paroissiens dûment patentés
Aux allures un peu décalées,
Aux ministres bien étrangers ?

Mais aussi ces frères de Christ
Oeuvrant humblement sans bruit
Au milieu de contemporains esseulés
Perdus dans un monde fragilisé ?

Tous ces catholiques anonymes
Enfouis comme des enzymes,
Le regard au-delà de l’horizon,
Pleins d’allant et de compassion,

Ces nombreux immergés
A la vie partagée
Tournés vers les cieux,
Donnés et heureux.

Daniel-Marie Gérard (Janvier 2011)


Ecoute la vie !


















C’est le plein hiver rien ne bouge
Sous le brouillard et la boue
Ecoute, écoute la vie sourdre.

Le filet d’eau scintille
Le brin d’herbe reverdit
Le bourgeon se devine.

Sous nos grandes effervescences
Sous nos ricanements nos indécences
Nos brouhahas et nos non sens
Ecoute, écoute, beaucoup d’attentes !

Pour que la fleur mûrisse
Pour que le fruit respire
C’est notre confiance active
Qui sera soleil et que vive la vie !
Ecoute, elle est là et veut vivre.

Daniel-Marie Gérard (Janvier 2014)




Du sang et de l'eau


















Elle est là la parturiente
Peau suintante chair dolente
Tirant la vie d’elle-même patiente
Dans les eaux et dans le sang.

Tous ces corps broyés blessés
Gyrophares sirènes vies menacées
Arrachées aux proches angoissés
Sang perdu et sang donné.

Ils étaient sept à Tibhirine
Simples frères l’âme pèlerine
Bousculés dans la neige fine
Sangs et eaux répandirent.

Lui aussi au Golgotha
Sous ténèbres et orages
Lui l’alpha et l’oméga
Ainsi sang et eau versa.

Daniel-Marie Gérard (Mars 2011)




Deux pèlerins













Que serions-nous l’un sans l’autre ?
Un monde fait d’absence, de néant, de vide,
D’une réalité contraire à la vie,
Un monde où je ne serais plus moi-même,
Privé de toute énergie première,
Comme si tu étais ma vie ;
Toi tel un intrépide cerf-volant
Affrontant les bourrasques du vent,
Toujours prêt à se redresser,
Contre l’imprévisible à lutter.

Mais que seraient ces harmonieuses volutes
Dans les nuées au dessus des dunes,
S’il ne recevait sa vigueur de ce fil ténu
Ancré dans un regard affectueux,
Bienveillant et toujours présent ?

Que serions-nous l’un sans l’autre,
Sans ce fil tendu où s’est inscrit
Toute notre histoire commune,
Tous ces multiples moments
Simples ou éclatants,
Des moments qui ont donné vie,
Une vie qui s’est déjà multipliée
Pour rebondir en échos multiples
Formant symphonie.

Et si les tempêtes nous épuisent,
Sache que je ne lâcherai pas ce fil
Qui nous donne et la vie
Et notre raison de vivre,
Qui seul permet d’attendre
Les rayons réconfortants,
D’espérer des lendemains
Plus cléments et sereins.

Daniel-Marie Gérard (Mars 2007)