vendredi 2 juin 2023

L'actualité de Jésus

L'actualité de Jésus

                                               

 Ces fêtes de Pâques 2020 en plein confinement, ces récits lus en ce moment de la résurrection de Jésus nous questionnent comme les disciples sur la réalité de cette résurrection. Est-ce possible ? Qu’est-ce cela change pour moi ?


Après 2000 ans d’antécédent chrétien, cette vieille nouvelle n’est-elle pas usée ? D’abord même si le fait de la résurrection transcende le temps, cela fait déjà 2000 ans que cela s’est passé ! Même si la mort de Jésus n’est pas remise en cause historiquement, c’est quand même très loin et très éloigné de notre monde qui va si vite ! Comment cet évènement peut-il encore impacter notre monde d’aujourd’hui ?

Reprenons les faits : en Judée, sous domination romaine, un homme dénommé Jésus, âgé d’une trentaine d’années, se dit envoyé par Dieu, le prouve par de nombreux signes et se prétend capable de nous offrir une vie sans souffrance qui comble tous nos désirs les plus profonds sans même connaître la mort. Pour finir il s’est affiché comme le Messie attendu par ce peuple dont il serait leur roi. C’en était trop évidemment, les chefs du peuple l’ont condamné et crucifié, cette mort prouvant son imposture, leur Dieu ne pouvant accepter la mort d’un juste.

Cet évènement aurait dû rester un fait divers, sans éclabousser l’histoire, s’il n’était apparu vivant à ses disciples, à des femmes et à de nombreux contemporains. Finalement que voulait-il dire ce Jésus ? Même si cela était difficile à accepter et comprendre, il s’affichait comme Fils de Dieu, l’envoyé du Père. Cette nouvelle est déjà inouïe ! Le Fils de Dieu fait homme ! Ce Dieu qui fait trembler la terre et les cieux, que les hommes ne peuvent nommer, s’est incorporé à l’humanité, avec toute son essence divine. Donc ce Jésus est homme et Dieu, pleinement homme et pleinement Dieu. C’est en fait une mutation pour notre humanité, qui se trouve dotée d’un gène divin. Dieu, en prenant corps en Marie, s’immerge dans l’humanité entière et s’emprisonne ainsi dans tout homme, toute femme où il est présent. Avec la naissance de Jésus enfant de Marie, tout homme, toute femme est un visage sacré et Jésus, le frère universel, habite chacun et s’identifie à chacun.

Il y a 2000 ans, du temps des romains, comme maintenant, la condition humaine était très difficile, inégalités, exploitations, injustices, spoliations, crimes et meurtres ; voilà cette réalité que Jésus est venu épouser. Son challenge, sa mission fut d’effacer toutes ces contrefaçons en déployant une capacité d’amour inconnue des hommes, allant jusqu’à pardonner à ses bourreaux sur la croix et offrant son sacrifice pour tous les hommes de tous les temps. Ce fut la victoire de l’amour contre la haine, contre la mort. Ainsi Jésus a fait tout le travail. Et le ressuscitant Dieu montre qu’un tel amour ne fut pas vain. Mais, victorieux de la mort, Jésus redonne aux hommes cette vie qui nous était destinée dès l’origine.

Le travail est fait mais cela reste à concrétiser. A l’Ascension Jésus est remonté près de son Père, restant présent à chacun par son Esprit qu’il nous a laissé. C’est là que nous nous heurtons à l’actualité de la mission donnée par Jésus à ses disciples. Forts de la présence de Jésus (« quand 2 ou 3 sont réunis en mon nom je suis au milieu d’eux » Mtt 18,20), forts de la présence de l’Esprit, c’est à nous de libérer Jésus en chacun de nos frères et sœurs afin qu’il règne sur chacun et chacune.

En venant sur terre, Jésus a épousé toute l’humanité, il s’est enfoui en chacun ; à nous aujourd’hui de libérer cette réalité divine en manifestant un amour capable de vaincre la haine et plus fort que la mort. En tendant la main à mon frère, en l’accompagnant, en lui permettant de grandir, je l’ouvre à ce plus de vie, à cette source de vie jaillissant en vie éternelle.

Donc la finalité de la vie chrétienne n’est pas la messe dominicale, ni l’entre-soi des chrétiens, ni la vie sacramentelle, même si ce sont des moments ressources festifs, la mission du disciple, celle de la vie chrétienne c’est la rencontre de Jésus chez le proche, le prochain ordinaire, l’étranger quel qu’il soit, le blessé, le bafoué, le rejeté, pour que l’amour que je lui porte soit pour lui une fenêtre ouverte sur le ciel, pour que le ciel soit pour lui réalité, pour que Dieu lui soit visible, pour qu’il retrouve sa vocation première d’enfant de Dieu et de fils du Père trois fois saint, afin que le règne de Dieu vienne sur terre, selon la prière donnée par Jésus.

Ceci dit, les choses ne sont pas si simples. Pour que je sois lu, entendu, il me faut être de ce même monde et non un extra-terrestre, avec une autre culture, un autre langage, avec des rites bizarres, utilisant des codes nécessitant initiation. Je ne dois pas non plus quitter mon environnement, mon insertion sociale ou familiale, tous ces liens qu’une vie simple a pu tisser. En un mot il ne faut pas fuir mais être présent pleinement là où Dieu m’a pensé et destiné, me dotant des capacités nécessaires. Mais alors comment provoquer ce flash de l’amour divin qui va illuminer ce proche, cet ami, ce voisin, ce conjoint, cet enfant ? Peut-être en étant un porteur symptomatique, c'est-à-dire que notre vie soit d’abord enfiévrée de la présence familière de Jésus, à ce point que nous devenions contagieux. Alors le virus de l’amour se transmettra par le toucher, par une parole vraie qui donne goût à ce qui est vécu. Il dépend seulement de nous de monter en température, de nourrir une foi vivante. L’Esprit-Saint se charge de la propagation de ce virus pour que l’amour enflamme la terre entière.





Plus brièvement :
 

Jésus prisonnier


Quand le Fils quitta les cieux
Il s’incorpora à notre humanité
Frère universel habité par Dieu.

Avec Jésus Dieu visite son peuple
Par amour prisonnier volontaire
De notre faible condition humaine.

Par sa présence en chacun de nous
Pouvons le voir le toucher chaque jour
L’honorer le libérer pour régner sur tous.


                                          D-M G 04-2020